"Marco Taillebuis peint sans filet.
Cet habitué de l'énergie des corps, dans l’espace théâtral où le spectateur à l’abri des dangers se laisse vivre à travers le plateau, change radicalement les règles du jeu dans sa peinture.
Il enlève son haut et son bas et l’enlève aussi à celui qui regardera ses tableaux. Chacune de ses toiles est une fenêtre sur le monde où se passent des histoires.
Sa peinture, faussement abstraite, nous invite, par le simple fait de regarder: vous entrerez dans le tableau.
L’enjeu amené à sa substance la plus profonde, le monde de la chair, du verbe protecteur et du décor raconté par le jeu des couleurs et des formes, fera de vous le complice de l’histoire. Entrez-y sans crainte.
Marco a beaucoup regardé et sa main a fait plusieurs fois le tour du monde. Vous ne serez pas amenés à manifester pour des causes évidentes, personne ne vous demandera de signer des pétitions, on ne vous expliquera pas la frontière du bien et du mal.
Vous vous sentez bien dans cet espace de vérité créé par les couleurs du peintre.
Le monde, ce même monde qui nous fait pleurer, peut-il donc être beau ?
Les histoires les plus lourdes, les plus fantastiques, les plus incroyables, sous les pinceaux de Marco Taillebuis deviennent des tableaux qu’on a envie de contempler.
Un livre peut nous rendre meilleur, un film peut nous rendre plus social, une pièce de théâtre plus heureux.
L’art de Marco nous rend plus courageux".
Maya Polackova
Artiste plasticienne, collagiste, illustratrice, Maja Polackova est née en Slovaquie.
Elle vit et travaille à Bruxelles depuis 1978.
L'ATELIER
Ton feu mord ma chair humide
brûlure qui m'inonde
brasier de pluie
caresse fertile
braises enfouies
noirceur des jours creux
pudding à la broche
temps éteints des jours plus vieux
amère chevelure des chauves licornes
toison éparpillée,
semences perdues
vie de mort
toile tissée des temps neufs
Espoir discret
jaillis
irrigue
féconde
Le poète en nous se meurt
gavé de télévision
d’informations
d’additions
de soustractions
Supplicié des temps modernes :
libère ton âme
incarcérée dans les geôles chatoyantes
du désir et de l’envie
Aspire enfin à l’amertume, à l’aridité, au précaire
Femme, es-tu libre ?
Voix vrombissant de tumultes silencieux
cris éteints
joies secouées
rires ténus
vies gommées
zygomatiques
élastiques
chair éther
consommation moderne
produits dérivés
Amnésie consciente
vois
danse
cheveux sellés de nos courses endiablées
parfum fougueux
humeur humour
contrées contrites
vassaux vomis
vaisseaux conquis
chants secs
champs champêtres
récoltes aveugles
greniers sans pieds
marchands d’amer
Éteins le jour
ouvre la nuit
si belle
pleine d’ombres multiples
sans peur
Marche avec
jusqu’au grand trou
Écorce d’écume vague
Tumulte pacifique des océans
Bois la terre, crache le sang
Ténébreuse lumière
Soupirs essoufflés des yeux brûlés
Regards lointains d’abîmes proches
Écoute le chant du rien qui passe
Dressé de tiges souples
Soutient le vent
Porte l’ombre
Érige le grain
Montagne insignifiante
Peuplée de géants au nez bouffi d’odeurs suaves
Castors repus
Tous forts
Souffle l’étoile
Qu’elles brillent
Têtard rouge des colères uterriennes
Nymphe sacrée des débauches canines
Embrasez-vous du souffle des orgies célestes
Craquement muet des silences déchirés
Mutant putride des espoirs attablés
Assiette de solitude, verre de vies soufflées
Chants disgracieux des alouettes aux pieds plats
Gauchers des marais
Taureau accroupi lunetté de soleil
Porte le message
Crie notre désarroi
Cendres tendres
braises passées d’abois morts
arbres féconds
branches-racines
ailes déployées
glands lâchés
feuilles tombées
papier vide de crayon absent
mots seuls de n’être phrase
vous moi toi
nous
Cheminée noircie
Bois défunts des rives sèches
Peau négritude des corps chaulés
Rythmes antiques des consciences somnambules
Couloir-fuseau
Hache fin
Bois
l’ivresse
140/160
160/130
160/130
160/130
270/152
270/135
163/132
160/125
75/113
160/110
90/110
70/80
120/105